Longtemps l’école a été, à tort ou à raison, synonyme de progrès individuel ou collectif. Aujourd’hui on lit que les suicides d’enfants s’accroissent dans les pays où l’école est synonyme de pression. Une pression qui ne produit pas que des drames, mais aussi du mal-être ordinaire, de l’anomie ou de l’absentéisme.
Les familles sont, comme les personnels, à la fois victimes et acteurs de ce stress permanent : on pousse les enfants mais sans savoir les aider, on leur dit de travailler encore et encore, sans pourquoi ni comment. Pour les familles populaires s’ajoute la honte : on ne sait pas expliquer, on n’y comprend rien, on aimerait bien que nos enfants fassent mieux que nous mais eux ne veulent pas. On n’est pas présentable dans la société des bacs +.
Comment en sortir alors que l’on sait que le mal est ailleurs, dans la compétition forcenée et dans l’espoir vain d’une promotion par l’école, dans la structure sociale, dans le mépris de l’humain ?
En évitant, pour les enseignants, d’externaliser le travail scolaire (les fameux « devoirs ») et de juger « ces familles-là » : la frontière n’est pas entre elles et nous.
En créant des rencontres dignes avec ces familles (les mères, 9 fois sur 10), qui savent éviter et le déni et la soumission. En se battant avec elles pour le maintien d’une classe ou pour un encadrement humain acceptable.
Pour peu qu’on les incite, pour peu qu’on les invite au lieu de les convoquer, on peut être en alliance.
Ce numéro, qui additionne à son habitude éclairages variés voire contradictoires et signes d’inventivité, se situe dans cette démarche concrète et ambitieuse.
Révolutionnaire ?
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