La révolution, un mot considéré un temps comme désuet puis galvaudé par la communication et la publicité, si souvent détourné de son sens véritable, il appelle au changement, à la rupture.
Ce sont les peuples arabes qui l’ont remis à l’honneur en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Yémen, en Libye par sa capacité ou sa volonté à renverser des régimes autoritaires que l’on supposait inébranlables.
Les gouvernants, journalistes ou spécialistes des plateaux télé disaient dans un relent raciste ces peuples incapables de soulèvement parce que soumis de manière héréditaires aux pouvoirs, leur culture, inférieure à celle des lumières de l’Occident, les condamnant à vivre sous la corruption, l’autoritarisme et le népotisme. Stigmatisation postcoloniale bien pratique pour nier les interventions de la françafrique, de ses grands groupes économiques, ses livraisons d’armement et ses « coopérations militaires ». Tous les peuples visent leur émancipation mais cela demande du temps de se défaire de ses habitudes de pensée et d’existence. Toutefois, on a trop rapidement parlé de révolution en plaquant nos représentations européennes de l’Histoire nées de 1789 en particulier. Il y a eu incontestablement une révolution politique par le renversement de régimes tyranniques. En ce qui concerne la Tunisie ou l’Égypte, on ne sait pas encore où mèneront ces forces insurrectionnelles. La rentrée dans le jeu électoral ne semble pas avoir éteint la flamme de la rue. L’Histoire risque de nous surprendre encore. Elle risque de nous décevoir si le modèle de démocratie à l’européenne l’emporte, cette démocratie formelle ou représentative qui laisse prospérer les pires inégalités sous couvert d’un liberté politique, qui donne l’illusion que les peuples sont maîtres de leur destin alors qu’ils restent sous la domination du capitalisme et des élites politiques à sa botte qu’elles soient sociales-démocrates, libérales, néolibérales ou réactionnaires.
Car nous espérons pour ces peuples, et nous-mêmes, une autre révolution, plus profonde et plus véritable, une révolution sociale, qui remettrait en question le système socio-économique à l’origine de toutes les injustices actuelles, qui nous soumet aux nécessités fixées par une élite pour son propre intérêt. Et c’est parce qu’ils ont voulu l’insurrection par exaspération que les peuples en lutte pourront créer une autre société qui éliminerait toute forme de domination. La lutte de tous les peuples ne peuvent nous laisser indifférents : la révolution sociale nous concerne aussi dans un projet internationaliste. La lutte des classes est internationale.