C’est la rentrée et tout va bien (ou pas)

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C’EST LA RENTRÉE ET TOUT VA BIEN (OU PAS)

Une nou­velle année uni­ver­si­taire débute. Les gou­ver­ne­ments se suc­cèdent mais les pro­blèmes res­tent, voire s’aggravent : dif­fi­cul­tés pour les étu­diants de trou­ver un loge­ment (sans par­ler de se loger cor­rec­te­ment), pré­ca­ri­té finan­cière, sala­riat étu­diant qui four­nit aux patrons une main d’œuvre flexible au grand détri­ment de nos études, dif­fi­cul­té bud­gé­taire des uni­ver­si­tés, hausse des frais d’inscriptions…

Et ne soyons pas naïfs, il n’y a rien à attendre de la nou­velle ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, et de son gou­ver­ne­ment qui n’a de socia­liste que le nom. La ministre a annon­cé la construc­tion de 8 000 loge­ments étu­diants par an pen­dant le quin­quen­nat. Quand on sait qu’un mil­lion d’étudiants fait chaque année une demande de loge­ment auprès des Crous, alors qu’il n’y a que 165 527 chambres uni­ver­si­taires dis­po­nibles, il est clair que ce genre d’annonces est comme deux gouttes d’eau dans une marelle. Le gou­ver­ne­ment a éga­le­ment pré­vu une loi d’orientation uni­ver­si­taire qui rem­pla­ce­ra la LRU. Elle sera dépo­sée au Parlement début 2013, après « concer­ta­tion ». La LRU, loi que la com­mu­nau­té uni­ver­si­taire a com­bat­tu par la grève et le blo­cage entre 2007 à 2009, à consa­cré une pseu­do-auto­no­mie des facs. Par l’autonomie finan­cière, il faut entendre l’injonction qui est faite aux uni­ver­si­tés de trou­ver des finan­ce­ments pri­vés pour s’insérer dans la com­pé­ti­tion éco­no­mique entre uni­ver­si­tés. Concurrence et finan­ce­ment pri­vé, ges­tion mana­gé­riale, avec cette loi la droite a vou­lu pla­quer les lois du mar­ché capi­ta­liste dans nos facs. Depuis la LRU, c’est la déban­dade finan­cière. L’année der­nière plu­sieurs facs endet­tées ont été mises sous tutelle. Pour cette ren­trée le nombre de facs en dif­fi­cul­té finan­cière est esti­mé à 45. Quinze d’entre elles pour­raient accu­ser deux défi­cits consé­cu­tifs en 2013.

Mais la nou­velle ministre a réaf­fir­mé qu’elle ne revien­drait « abso­lu­ment pas » sur l’autonomie uni­ver­si­taire. Cela à le mérite d’être clair. Et tout aus­si clair : « Certaines uni­ver­si­tés disent ‘we want our money back’, je leur réponds : ‘I have no money back’» ». Rien d’étonnant de la part de Fioraso car elle vient du monde des patrons : depuis 2003 elle est PDG de la Sem Minatec Entreprises, liée à Minatec, com­plexe scien­ti­fique euro­péen dédié aux nano­tech­no­lo­gies et situé à Grenoble. On voit donc bien que la future réforme ne sera rien de plus qu’un qu’aménagement de la LRU, elle ne tou­che­ra pas à l’essentiel. Pour cette ren­trée 2012, on a donc toutes les rai­sons de s’organiser et de vou­loir lut­ter.

PETIT NETTOYAGE POLITIQUE À RENNES 2

Pendant ce temps là à Rennes 2, la Présidence cherche à tour­ner la page d’une fac qui a tou­jours été une des pre­mières à résis­ter. Trois ans de tra­vaux ont effa­cé les moindres sou­ve­nirs maté­riels des luttes pas­sées.

L’amphithéâtre Chateaubriand qui par sa taille a tou­jours été l’« amphi à AG » va être rasé. Une grille a été ins­tal­lée devant le hall B pour rendre dif­fi­ciles les occu­pa­tions. Pendant la lutte sur les retraites, la pré­si­dence a embau­ché des vigiles d’une boîte pri­vée, Sécuritas, pour sur­veiller les étu­diants. Il est de plus en plus dif­fi­cile de réser­ver une salle, car désor­mais il faut que ce qui soit orga­ni­sé dans la fac soit « neutre poli­ti­que­ment ». Pour tenir une simple table d’information, il faut réser­ver deux semaines avant la date pré­vue. Tout est fait pour décou­ra­ger l’action poli­tique à Rennes 2. Il faut que l’université soit « clean ». Comprenez : qu’elle soit sans vie ni émo­tion poli­tique.

Notre sec­tion syn­di­cale a éga­le­ment appris que son local sera rasé sans relo­ge­ment lors de la ren­trée 2013. En mai der­nier, il nous aura fal­lu occu­per la pré­si­dence pour obte­nir un ren­dez-vous avec le pré­sident. La pré­si­dence nous retire le local car nous ne sommes pas « repré­sen­ta­tifs ». Selon leurs cri­tères, il faut pour cela obte­nir au moins un siège dans un conseil cen­tral. Mais notre sec­tion CNT, par choix syn­di­cal, atta­chée à l’action directe et refu­sant la coges­tion et les sub­ven­tions par volon­té d’indépendance, ne veux pas par­ti­ci­per à des cirques élec­to­raux aux­quels de toute façon si peu d’étudiants par­ti­cipent (88,3{eccd8cfd18c7388c1e0028ba20803a52c383a09b12bf512b4347cbac2b655287} d’abstentions au élec­tions à Rennes 2 de 2012), et qui per­mettent au pas­sage aux struc­tures qui se pré­sentent de se mettre des mil­liers d’euros dans les poches. Pour nous, la légi­ti­mi­té d’une orga­ni­sa­tion syn­di­cale s’acquiert par la lutte et la pré­sence de ter­rain, soit plus de 15 ans pour la CNT à Rennes 2. Il est clair que nous défen­drons notre local coûte que coûte par le moyen qui a tou­jours été le nôtre : la lutte.

LA CNT C’EST QUOI ?

Anarchosyndicalistes et syn­di­ca­listes révo­lu­tion­naires, nous lut­tons sur nos lieux de vie et de tra­vail contre cette socié­té de plus en plus inéga­li­taire, où d’un côté, les tra­vailleurs, chô­meurs, et étu­diants, sou­mis de plus en plus à la pré­ca­ri­té, à la flexi­bi­li­té, et à la remise en cause de leurs acquis sociaux galèrent pour s’en sor­tir, alors que de l’autre, une mino­ri­té de nan­tis, patro­nat et gou­ver­nants s’enrichissent sur leur dos. C’est pour ces rai­sons, et parce qu’ils dénoncent la bureau­cra­ti­sa­tion des syn­di­cats réfor­mistes, que les mili­tants de la CNT construisent un syn­di­ca­lisme dif­fé­rent.

Un syn­di­ca­lisme auto­ges­tion­naire : à la CNT, ce sont les syn­di­qués, en assem­blées géné­rales, qui prennent les déci­sions. Sur le ter­rain, nous pen­sons éga­le­ment que c’est à ceux qui luttent (et non aux direc­tions poli­tiques et syn­di­cales), de construire et d’organiser ensemble leurs propres luttes, en assem­blées géné­rales déci­sion­nelles, afin d’éviter qu’ils en soient dépos­sé­dés.

Un syn­di­ca­lisme d’action : aux grèves de 24 heures ponc­tuelles contrô­lées par les direc­tions syn­di­cales, nous pen­sons qu’il faut oppo­ser l’action directe, c’est à dire l’action de ceux qui sont en lutte, sans aucun inter­mé­diaire. C’est dès aujourd’hui à des actions dures qu’il faut se pré­pa­rer : grèves recon­duc­tibles, occu­pa­tions des lieux de ges­tion et de déci­sions…

Un syn­di­ca­lisme révo­lu­tion­naire : si nous lut­tons au quo­ti­dien pour l’amélioration de nos condi­tions de vie et de tra­vail, contre le racisme, le sexisme, le mili­ta­risme, les lois liber­ti­cides et anti-sociales, nous pen­sons que pour en finir avec cette socié­té inéga­li­taire il faut en finir avec ses piliers que sont l’État et le capi­ta­lisme. Nous pen­sons qu’un autre futur est pos­sible.

La CNT-FAU (Formation Action Universitaire) désigne les sec­tions syn­di­cales de la CNT au sein des uni­ver­si­tés. Anti-cor­po­ra­tistes, elles regroupent les étu­diants et les sala­riés de l’université (profs, Biatoss…).

L’université est à la fois un lieu fré­quen­té par les usa­gers que sont les étu­diants et un lieu de tra­vail. On pense bien sûr à l’enseignement et à la recherche, mais il ne faut pas oublier le per­son­nel non-ensei­gnant dont le tra­vail est indis­pen­sable chaque jour pour faire tour­ner la bou­tique. La fac ne vit pas dans un domaine éthé­ré, pro­té­gé du monde exté­rieur. Elle est au contraire plon­gée dans la vio­lence de la mon­dia­li­sa­tion capi­ta­liste, et pas uni­que­ment en ce qui concerne l’adaptation for­ce­née des conte­nus d’enseignement et de recherche aux besoins cir­cons­tan­ciels de ces entre­prises avides de plus de pro­fits.

La pré­ca­ri­té et l’exploitation sont éga­le­ment très pré­sentes dans ses murs. L’externalisation de l’entretien des locaux par exemple, brise la pro­tec­tion sta­tu­taire des per­son­nels. Qui croi­se­ra, dis­cu­te­ra, lut­te­ra au côté de ces hommes et femmes de ménage qui opèrent à l’aube dans une fac déser­tée ? Qui se sou­cie­ra de leurs condi­tions de tra­vail ? L’exploitation des étu­diants comme contrac­tuels (ni congés payés, ni congés mala­die) en est un autre exemple. Statuts misé­rables pour ceux qui per­mettent à l’université d’assumer ses mis­sions en se sous­trayant au mini­mum de ce que la décence réclame…

Se syn­di­quer à la CNT, c’est se défendre et par­ti­ci­per aux luttes sur la fac, mais aus­si aux luttes inter­pro­fes­sio­nelles et mou­ve­ments aux côtés des sala­riés, chô­meurs et pré­caires. La CNT n’est pas un syn­di­cat étu­diant : c’est un syn­di­cat tout court !