C’était le 7 avril 2025, un mois avant la clôture des « choix » à effectuer sur la plate-forme Parcoursup, permettant de connaître, ou non, et le plus souvent au dernier moment, une affectation aux études post-bac, prélude pour beaucoup à une situation plus ou moins prolongée de précarité et d’incertitudes. Élisabeth Borne, fossoyeuse de retraites et sinistre de l’éducation nationale, répondait sur La Chaîne Parlementaire à un certain sentiment de panique, lié à des angoisses légitimes face à cette étape perçue comme décisive du classement social. Il aurait été un peu tard pour s’en soucier, car selon elle : « Il faut se préparer très jeune, dès le départ, presque depuis la maternelle, à réfléchir à la façon dont on se projette dans une formation et dans un métier demain ». Voilà les dessins de presse qui nous ont le plus amusés concernant la sortie de notre patronne, en remerciant leurs auteur·rices d’avoir accepté que nous les diffusions.
Face aux savoureuses moqueries, Elisabeth Borne tente de se rattraper, et se reprend les pieds dans le tapis dès le lendemain sur X, en suggérant que nous, travailleur·euses de l’éducation, en faisons trop, ou mal. Elle tente en effet de détourner l’attention en essayant de faire porter le chapeau de la dévalorisation des mathématiques chez les filles aux camarades enseignant en élémentaire : « Non ! On ne va pas orienter les élèves dès la maternelle ! Au contraire, on doit veiller à ne pas conditionner leurs choix d’orientation : – Aujourd’hui le goût des filles pour les mathématiques à l’entrée au CP est le même que celui des garçons. – Au bout d’un trimestre, il y a un écart au détriment des filles qui se creuse tout au long de la scolarité. – Nous devons dès le plus jeune âge permettre à chaque élève de développer ses capacités, sa confiance en soi et son goût d’apprendre ». La recherche universitaire en sociologie et sciences de l’éducation a pourtant largement documenté à ce sujet que les travailleur·euses de l’éducation les plus motivé·es, sans moyens ni volonté politique favorable, ne sont pas les seul·es responsable ni de la reproduction des stéréotypes de genre, ni des déterminismes sociaux de classe. De la maternelle à l’université, nos métiers ne consistent pas à obéir et faire se conformer les jeunes entre les 4 murs d’une classe à être de la bonne chair à patron, ou à soutenir la production de chair à canon. Il s’agit bien de décloisonner l’école, favoriser l’émancipation, d’instruire pour révolter. Ce que nous avons à coconstruire, partager avec nos élèves et leurs proches, élaborer avec notre syndicalisme autogestionnaire, c’est une révolution pédagogique, sociale et éducative. Quel meilleur rempart contre le néolibéralisme triomphant, avançant main dans la main avec les fascistes qui entendent nous expédier à la boucherie* ?
Nous en profitons pour remercier chaleureusement Allan Barte, Sanaga et Pipo qui ont bien voulu nous prêter leurs dessins pour illustrer cet article dans notre lettre d’info ! Voici les liens vers leurs sites :
Allan Barte
https://linktr.ee/allanbarteCe lien vous fait quitter le site. et https://mastodon.social/@AllanBarteCe lien vous fait quitter le site.
Sanaga
https://sanaga-dessins.fr/Ce lien vous fait quitter le site.
Pipo (extrait de son dessin en tête de cet article)
https://mastodon.social/@PipotacheCe lien vous fait quitter le site.
* et sinon, en parlant de boucherie : la Fédération CNT des Travailleur·euses de l’Éducation vient de sortir le 11e numéro de sa revue La mauvaise herbe, qui parle justement de la militarisation de l’école ! Il est en grande partie superbement illustré par Geoffrey Dorne.
Vous trouverez plus d’infos sur cet article dédié.