Chronique syndicale #1 - Rubalise
Chronique syndicale #1 - Rubalise

Chronique Syndicale #1 – Blocage à la rubalise

C’était un jour de mobi­li­sa­tion dans le groupe qui m’emploie. Le résul­tat des négo­cia­tions sala­riales ayant été trop médiocre, la plu­part des sites fran­çais ont été pour l’occasion sujets à des mobi­li­sa­tions sous plu­sieurs formes (réunions d’informations syn­di­cales, débrayages, mani­fes­ta­tions, etc). Sur le site où je tra­vaille, elle a prit la forme d’un ras­sem­ble­ment devant l’accueil de l’entreprise, « dès potron-minet » aurait écrit un cor­res­pon­dant de Ouest-France !

Pour accueillir les troupes, le café est chaud, les bis­cuits embal­lés indi­vi­duel­le­ment et la sono nous rap­pelle que le tra­vail et la mobi­li­sa­tion des tra­vailleurs et tra­vailleuses face aux exploi­teurs a fait l’objet de nom­breuses chan­sons.

L’entreprise a plu­sieurs entrées et pour cana­li­ser les col­lègues vers le comi­té d’accueil inter­syn­di­cal, des ruba­lises barrent les entrées les plus éloi­gnées. Le direc­teur géné­ral est absent, nous sommes res­tés dis­crets et pour une fois il semble que per­sonne ne l’a pré­ve­nu. C’est donc des subor­don­nés, direc­teur de ser­vice ou res­pon­sables aux Relations Humaines, qui découvrent notre dis­po­si­tif. Certains sont débon­naires : l’accès à l’entreprise n’est pas blo­qué, la mobi­li­sa­tion est paci­fique et les syn­di­cats sont dans leur rôle. D’autres sont « plus roya­listes que le Roy » et s’indignent de cette « prise en otage » uni­la­té­ra­le­ment défi­nie comme illé­gale.

Tiens, en voi­là jus­te­ment une qui com­mence à arra­cher rageu­se­ment les ruba­lises alors que les prises de parole devant les sala­riés com­mencent. Rapidement, une délé­ga­tion va les remettre en place.

Avait-elle le droit d’arracher ces ruba­lises qui fina­le­ment ne blo­quaient per­sonne ? Dans quelle mesure la repré­sen­tante d’un employeur peut-elle déci­der de faire jus­tice elle-même pour contrer ce qu’elle consi­dère comme un blo­cage, avec ou sans l’aval de son employeur ? Là, ce n’est que du ruban plas­tique mais si l’intersyndicale avait déci­dé de mettre des véhi­cules à la place des ruba­lises, aurait-elle eu le droit de les détruire à coup de barre de fer ? Non, parce qu’un employeur n’a pas à faire jus­tice lui-même d’autant plus dans le cadre d’un conflit social puisque son pou­voir dis­ci­pli­naire ne concerne que l’exercice du contrat de tra­vail. On a pris des pho­tos et on se les garde sous le coude au cas où il fau­drait qu’un tri­bu­nal le rap­pelle.

PS : Et si vous vous deman­dez ce que l’employeur aurait dû faire pour res­pec­ter la loi, ne vous en faites pas, il connaît très bien la pro­cé­dure. D’ailleurs, c’est ce qu’il a fait quelques semaine plus tard contre le pseu­do blo­cage d’un site de la région pari­sienne.