Manifestations de « casseurs » ou ras-le-bol généralisé ?

Ce same­di 9 avril, comme dans 200 villes de France, s’est tenue une 6ème mani­fes­ta­tion contre la loi Travail, à Rennes : 4 000 per­sonnes se sont réuni-es place Charles De Gaulles, der­rière le cor­tège d’étudiant-es, puis ont défi­lé dans la ville.

Samedi encore, le pré­fet avait inter­dit l’accès à l’hyper-centre, uti­li­sant cette fois-ci les grilles de police pour empê­cher l’accès au Parlement via la rue Jean Jaurès. La BAC était pré­sente autour du chan­tier de la place St-Germain, fla­sh­ball en main et visant les mani­fes­tant-es pour les dis­sua­der de rejoindre le Parlement par ce che­min. Rue d’Orléans, qui mène à la mai­rie, ce sont les CRS qui attendent les pre­mier-es moti­vé-es à essayer de se réap­pro­prier l’espace public et les accueillent avec des gre­nades de désen­cer­cle­ment et les pre­mières salves de lacry­mo­gène, tan­dis que sui­vaient les cor­tèges syn­di­caux.
Rapidement, et aveu­glé­ment, la pre­mière charge de CRS va avoir lieu, et déjà on décompte de nom­breux-ses bles­sé-es chez les mani­fes­tant-es (un tir ten­du de gre­nade lacry­mo­gène aura atteint à l’arcade sour­ci­lière une mani­fes­tante). Les orga­ni­sa­tions syn­di­cales (FO, CGT, FSU…) feront en sorte de pro­té­ger leur cor­tège et conti­nuer la mani­fes­ta­tion selon le tra­jet défi­ni, tout en subis­sant les tirs et charges poli­cières. À la fin de la mani­fes­ta­tion offi­cielle, déjà 19 bles­sé-es sont recen­sé-es chez les mani­fes­tant-es par FO !

Une mani­fes­ta­tion spon­ta­née repren­dra le pavé pour ten­ter d’accéder à l’hyper-centre. De nou­veaux heurts avec les forces de l’ordre feront au moins 45 bles­sé-es recen­sé-es par les équipes auto­gé­rées de médic-team.
Les médias tra­di­tion­nels relayent l’information offi­cielle du pré­fet, qui fait état de quatre bles­sé-es chez les poli­cier-es et huit inter­pel­la­tions, mais pas de bles­sé-es du côté des mani­fes­tant-es, et pas de vio­lences poli­cières. On note­ra qu’un‑e des poli­cier-es se sera bles­sé tout‑e seul‑e en vou­lant envoyer une gre­nade de désen­cer­cle­ment. Espérons que cela lui donne envie de refu­ser l’ordre la pro­chaine fois qu’il sera envoyé en pre­mière ligne.
Le pré­fet a annon­cé same­di 1 700 par­ti­ci­pants dont 650 (plus d’un tiers !! ) auraient des pro­fils de cas­seur-euses et 80 cagou­lé-es et armé-es. Désigner comme cas­seur-euse un tiers des mani­fes­tant-es relève de la mani­pu­la­tion. Il n’y avait pas plus de cas­seur-euses à Rennes ce same­di 9 avril que dans n’importe quelle mani­fes­ta­tion d’agriculteur-ice, juste des gens excé­dé-es par l’attitude du gou­ver­ne­ment, obli­gé-es de se pro­té­ger des vio­lences poli­cières pour uti­li­ser leur droit à mani­fes­ter.

Face à la classe domi­nante qui casse nos conquêtes sociales les unes après les autres, ne tom­bons pas dans le piège de la dis­so­cia­tion ! Les cas­seur-euses ne se trouvent pas dans nos mani­fes­ta­tions, ils se trouvent au gou­ver­ne­ment et au MEDEF !
Cette fois encore, le pou­voir essaye de faire pas­ser les mani­fes­tant-es pour des cas­seur-euses, alors que c’est lui qui inter­dit les accès à l’hyper-centre, mobi­lise des troupes de forces de l’ordre en très grand nombre et ain­si, pro­voque l’exaspération de nom­breuses per­sonnes, dont la liber­té de mani­fes­ter et de mou­ve­ment est bafouée.
Comment ne pas com­prendre la colère d’une popu­la­tion qui sera encore plus pré­caire qu’elle ne l’est si la loi Travail passe ?
Si le PS sou­haite que l’ordre revienne en ville, il doit reti­rer son pro­jet de loi, tout sim­ple­ment. En atten­dant, nous, syn­di­ca­listes de la CNT, seront mobi­li­sé-es contre ce pro­jet de loi d’un autre temps, au côté des étu­diant-es, des sala­rié-es et des pré­caires jusqu’à ce qu’il soit reti­ré.

RETRAIT DE LA LOI TRAVAIL !

FIN DE L’ÉTAT D’URGENCE !

FIN DE L’IMPUNITÉ DES POLICIER-ES !

ARRÊT DES POURSUITES JUDICIAIRES CONTRE LES MANIFESTANT-ES ET LE MOUVEMENT SOCIAL !

L’Union Locale CNT de Rennes
le dimanche 10 avril 2016

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