Loin d’être une réforme anodine, la loi travail est en réalité une véritable attaque contre les travailleur-euse‑s, les précaires, les chômeur-euse‑s, les étudiant-e‑s. La protection contre les licenciements, le temps de travail et les heures supplémentaires, les changements dans l’application de la médecine du travail, le nombre d’heures de travail pour les mineur-e‑s, les indemnités qu’un‑e salarié‑e licencié‑e illégalement peut recevoir aux prud’hommes, les accords collectifs d’entreprise (qui permettent aux patron-ne‑s d’exercer un véritable chantage sur leurs salarié-e‑s) : la nouvelle loi prévoit des modifications sur tous ces sujets, et évidemment, elles ne vont pas dans le sens d’une protection plus forte pour les salarié-e‑s. Ces attaques contre le code du travail, les protections qu’il permet contre les licenciements, ainsi qu’en termes de santé et de droit au repos sont une étape de plus dans la casse de tous les droits sociaux acquis par la lutte.
Ces mesures auront pour conséquence d’épuiser les salarié-e‑s en augmentant le nombre d’heures de travail pour éviter l’embauche de nouvelles personnes, plus coûteuse pour les patron-ne‑s. Dans ce contexte une hausse du chômage semble inévitable.
La pétition contre la loi El Khomri signée en masse (par 1 million de personnes), les appels à la mobilisation qui fleurissent un peu partout sur internet montrent clairement le ras-le-bol qui monte chez les travailleur-euse‑s et les futur-e‑s travailleur-euse‑s.
Aujourd’hui, à Rennes 2 comme ailleurs, il nous faut préparer la riposte !
Ce qui va changer avec la loi El Khomri :
- Passage de 44 h à 48 h hebdomadaire et de 10 h à 12 h journalières sur simple accord d’entreprise.
- Sur accord collectif, la modulation du temps de travail pourra être d’une durée de 3 ans.
- La saisie d’un juge ne sera plus obligatoire en cas de trop perçu des allocations pôle emploi, ce qui veut dire que pôle emploi pourra directement prélever la somme qu’il estime être un trop perçue sur les allocations chômage qui seront versées dans les mois suivants.
- Plafonnement à 15 mois de salaires de l’indemnité prud’homale en cas de licenciement illégal et plus de plafond minimum de dommages et intérêts (aujourd’hui fixé à 6 mois de salaire pour toutes et tous les salarié-e‑s qui ont plus de deux ans d’ancienneté dans l’entreprise) en cas de licenciement illégal.
- Les indemnités passent de 12 à 6 mois en cas de licenciement lié à l’inaptitude à la suite d’une maladie professionnelle ou d’un accident du travail.
- Les apprenti-e‑s mineur-e‑s pourront travailler deux heures de plus par jour ( 10 heures au lieu de 8) et 5 heures de plus par semaine (40 heures au lieu de 35).
- Il pourrait désormais ne plus y avoir de congé en cas de décès d’un proche : la durée minimale de congé ne sera plus fixée par la loi (elle est aujourd’hui de 2 jours).
- Les salaires peuvent être baissés par accord d’entreprise pour une durée de 5 ans.
Face à toutes ces attaques, nous demandons bien évidemment le retrait pur et simple de la réforme.
Mais au delà de cette loi, c’est la logique capitaliste du profit et de la productivité à tout prix qu’il faut combattre. Car c’est bien la lutte contre ce système économique basé sur le profit de quelques-uns et l’exploitation qui nous permettra d’éviter que ce genre de réforme ne se reproduise continuellement. Nous n’oublions pas la Loi Macron ainsi que toutes les autres attaques contre les droits sociaux et les politiques sécuritaires visant à écraser la population… Toutes ces mesures sont passées, parfois remaniées mais sans modification réelle de leur base commune : faciliter l’exploitation. Parce qu’il ne s’agit pas de se mobiliser contre une réforme, mais également contre toutes celles qui la suivront et qui iront elles aussi dans le sens d’avantages pour les patron-ne‑s et les actionnaires, au détriment de tou-te‑s celles et ceux qui n’ont d’autre alternative que le travail pour survivre. Il ne s’agit pas de changer le monde en une grève mais de partir sur une base, dans un objectif de remise en question plus radical, qui permettra de dessiner des perspectives de changement de la société et non pas un retour à la normale qui nous enferme et nous contente en attendant la prochaine attaque patronale.
Alors faisons la grève générale, battons nous pour nos droits aujourd’hui. Mais plus que tout, réfléchissons et luttons pour demain. Il ne s’agit pas seulement d’être dans une posture de défense de nos droit, mais aussi dans l’offensive qui nous permettra de parvenir à un objectif : une société où l’exploitation de classe aura définitivement disparu. Pas de compromis pour notre avenir.
Il s’agit dès aujourd’hui d’organiser la lutte, de faire grève, d’occuper et de bloquer nos facs et nos lieux de travail.