SCUM – NAPALM DEATH
Earache Records, 1987.
1987 ! Une déflagration s’abat sur le monde de la musique ! SCUM, le premier véritable album des Napalm Death explose à la face des punks, metaleux et autres marginaux en quête de ramonage d’esgourdes mais, aussi et surtout, d’expérimentations, de tabassage des règles et des codes musicaux. Au-delà de la musique, le premier Napalm Death c’est ça : l’explosion des codes musicaux et des frontières de la brutalité. À une époque où les marketeurs n’avaient par encore installé de manière si prégnante les frontières entre les styles musicaux et leurs auditeurs, les N.D. ont su unifier l’esprit novateur et militant des keupons avec la lourdeur et la brutalité du metal. Pour parler musique puisqu’il le faut, le disque est séparé en deux parties. Une première de douze morceaux qui peuvent être considérés comme les plus punks de l’album. Ces douze missiles sont tous rapides, brutaux et directs. Les seize morceaux suivants bien que toujours dans le registre du supersonique savent se faire plus lourds et parfois même inquiétants, notamment grâce aux cris de démence de Lee Dorian. Un album qui reste une pierre angulaire de la musique extrême. Malgré ses 25 ans cette année, il reste toujours autant d’actualité. Le remaster sorti cette année bien qu’inutile sur le plan du son, peut sembler intéressant par le nombre incroyable de bonus disponibles dessus. Les N.D ont toujours insufflé à leur musique un coté militant et antifasciste. Il est navrant de voir que, de nos jours, le milieu metal se soit transformé en un ramassis de fan de musique au discours politique inexistant, voire même débilitant. NAZI PUNKS FUCK OFF !
Line-up : Justin K. Broadrick (guitare pistes 01 à 12) /Nick Bullen (basse chant pistes 01 à 12) /Lee Dorian (chant pistes 13 à 28) /Michael John Harris (batterie) /Bill Steer (guitare pistes 13 à 28) /Jim Whiteley (basse pistes 13 à 28)
Mathias
UTILITARIAN – NAPALM DEATH
Century Media records, 2012.
Être militant c’est parfois dur et très souvent ça épuise totalement. Pour se recharger, il y a plusieurs possibilités… Souvent ça se passe au bar avec une bière, mais depuis la sortie du p’tit dernier des Napalm Death, je peux me ressourcer sans payer le loyer des tenanciers de bistrot. Bon, pour parler musique : l’album commence par une intro de deux minutes assez oppressante, pour la suite c’est assez logiquement que Napalm suit son petit bonhomme de chemin et balance un album dans la lignée de Enemy of the Music Business. Cependant quelques voix claires viennent se greffer sur l’album, l’effet n’est pas toujours du meilleur goût… Quelques passages plus crusty empiètent également sur les plans grind/death habituels, ceux-ci sont, contrairement aux voix claires du meilleur effet ! Bon, on ne va pas frétiller 20 ans, nous avons ici un album de Napalm Death qui bute !!! Pas le plus violent, ni le plus « jusqu’au-boutiste », encore moins le plus innovant mais, ON S’EN FOUT ! Ça blast, ça hurle, ça grunt et ça mosh dans tous les sens, et putain c’est bon. Loin des clichés débilo-gore du grind-core actuel, Napalm Death continue sa route et même si la bête peut sembler assagie, elle bouge encore !!
Mathias
IRON SKY
Timo Vuorensola, 2012.
Quel plaisir lorsqu’un film est attendu pendant tant d’années et que les 90 minutes finalement passées à le regarder récompensent cette attente. Iron Sky est, en gros, exactement le film que j’attendais. Les nazis de l’espace tentent d’envahir la Terre, Sarah Palin est présidente des USA, il y a un Noir qui est aryanisé par un savant fou, des vaisseaux Zeppelins et des costumes chatoyants !
Personnellement je n’ai pas ressenti de chutes de rythme, j’ai trouvé le récit bien équilibré, et si certaines scènes sont moins surprenantes, on a régulièrement des plans ou des dialogues qui cartonnent. On en restera à l’expression « jouissif ». Iron Sky est continuellement dans le second degré, pour son humour mais également sa facture visuelle qui arrive à réunir les effets spéciaux numériques actuels avec parfois un rendu très old school, très fifties, rendant un peu kitchs, un peu « datés » (mais dans le bon sens du terme) certaines incrustations ou certains effets. Le jeu outré de certains comédiens participe également à donner ce petit côté vintage-désuet pas dégueulasse. Iron Sky propose un spectacle généreux et sait camoufler ses limites. On passe d’une ambiance très « vieil Hollywood » à Starship Troopers avec bonheur, pour peu qu’on accepte le film et son dispositif.
Alors, c’est sûr, peut-être que le film aurait pu être mieux écrit, peut-être qu’il aurait pu y avoir plus de gags, peut-être que la bataille finale aurait pu être plus dantesque, mais en l’état, pour un « petit » film, le spectacle est génial et les bonnes idées nombreuses. La direction artistique du film est magnifique, la réalisation est plutôt efficace, le prologue, les scènes à NY, l’arrivée du vaisseau final sont bougrement efficaces, et carrément iconiques et je ne trouve absolument pas l’humour daté, la blague du Nord Coréen, Sarah Palin et son « Yes I can » en lettres gothiques, le USS George W. Bush sont des « gags » qui fonctionnent. Reste la musique, une autre idée géniale du film, Laibach compose une musique efficace, travestissant le end title de Matrix Revolution pour donner une ampleur sacrément excitante au final. Je regrette juste l’absence du remix génial de B‑Makina utilisé pour l’une des bandes annonces.
Iron Sky n’est peut-être pas un chef d’œuvre, ce n’est sûrement pas le Graal des geeks tordus mais c’est un DVD de plus à ranger sur l’étagère pour les gens de bonne compagnie qui savent prendre la vie du bon côté avec des amis, du Jagermaister et quelques chips.
Melvin /Image : MacDuff