Loi sur l’immigration et l’asile : une loi xénophobe et antisociale

Communiqué confé­dé­ral de la CNT‑F du 20 décembre 2023.

La date du 19 décembre 2023 marque une jour­née sombre de notre his­toire sous le deuxième quin­quen­nat de Macron. Le texte de loi sur l’immigration et l’asile issu d’une com­mis­sion pari­taire a été adop­té par l’Assemblée natio­nale : 349 dépu­tés ont voté pour ce texte. C’est un triomphe idéo­lo­gique pour l’extrême-droite puisqu’une grande par­tie des mesures de ce texte figu­rait dans le pro­gramme du FN/​RN depuis des décen­nies.

Pour l’ensemble des dépu­tés macro­nistes, LR et RN, le mes­sage est très clair : les étran­gères et les étran­gers ne sont pas les bienvenu·es en France ! Les outrances et les pro­pos stig­ma­ti­sants à l’égard des per­sonnes migrantes ont ser­vi de jus­ti­fi­ca­tion à des dis­po­si­tions conster­nantes fai­sant de l’étranger·ère un·e ennemi·e public·que. L’histoire retien­dra que le res­pon­sable de virage à l’extrême-droite est le pré­sident Emmanuel Macron qui fut élu pour faire bar­rage à Marine Le Pen.

Le pro­jet de loi dit « pour contrô­ler l’immigration et amé­lio­rer l’intégration » consti­tue un dur­cis­se­ment sans pré­cé­dent des condi­tions d’asile et d’accueil en France. Il marque un recul des droits fon­da­men­taux de tou·tes les étran­gères et étran­gers. Pour l’État, la jus­tice, la police, les migrant·es sont jugé·es cou­pables d’un crime bien par­ti­cu­lier : celui de ne pas avoir les bons papiers. De cette socié­té raciste, sécu­ri­taire et anti­so­ciale, nous ne vou­lons pas !

Au lieu d’accueillir digne­ment celles et ceux qui fuient la misère, les guerres, les catas­trophes cli­ma­tiques, les per­sé­cu­tions voire les menaces de mort dans leur pays, Darmanin et toutes l’aile droite en accord avec l’extrême droite réduisent les migrant·es à une popu­la­tion de seconde zone et optent pour la pri­va­tion de tous leurs droits en les sou­met­tant à l’exploitation et à l’arbitraire :

  • Conditionnement de rési­dence d’un délai de cinq ans pré­vu pour celles et ceux qui ne tra­vaillent pas et de trente mois pour les autres pour pré­tendre au droit aux allo­ca­tions fami­liales et à l’aide per­son­na­li­sée au loge­ment (APL) ;
  • Durcissement de l’accès aux titres de séjour don­nant aux pré­fets un pou­voir dis­cré­tion­naire de régu­la­ri­sa­tion des tra­vailleuses et tra­vailleurs sans-papiers dans les métiers dits en ten­sion, titre de séjour d’un an, déli­vré au cas par cas, à condi­tion d’avoir rési­dé en France pen­dant au moins trois ans et exer­cé une acti­vi­té sala­riée durant au moins 12 mois sur les 24 der­niers, mesure qui pren­dra effet dès 2026 ;
  • Instauration de quo­tas fixés par le Parlement pour pla­fon­ner « pour les trois années à venir » le nombre d’étranger·ères admis·es sur le ter­ri­toire (hors demandeur·euses d’asile) ;
  • Déchéance de natio­na­li­té pour les binationaux·ales condamné·es pour homi­cide volon­taire contre toute per­sonne dépo­si­taire de l’autorité publique ;
  • Fin de la déli­vrance de la citoyen­ne­té auto­ma­tique pour les enfants nés en France de parents étran­gers : il fau­dra désor­mais que l’étrangère et l’étranger en fassent la demande à par­tir de ses 16 ans ;
  • Réduction des délais d’instruction de la demande d’asile : à comp­ter de son arri­vée sur le ter­ri­toire, un·e demandeur·euse d’asile ne dis­po­se­ra plus que de 90 jours pour effec­tuer sa demande à l’OFPRA (Office fran­çais de pro­tec­tion des réfu­giés et apa­trides) contre 120 actuel­le­ment ;
  • Rétablissement du délit de séjour irré­gu­lier (abo­li en 2012), expo­sant les sans-papiers à des amendes de 3 750 € ;
  • Allongement de la durée de réten­tion jusqu’à 105 jours ;
  • Tri des migrant·es dans les centres d’hébergement. Le texte de loi per­met le contrôle de la situa­tion admi­nis­tra­tive des per­sonnes héber­gées en accueil d’urgence, ouvrant la porte au recen­se­ment et au « tri des migrant·es » dans les CHU ;
  • Obligation pour les étudiant·es qui effec­tuent leur pre­mier séjour en France de pro­vi­sion­ner une somme d’argent comme « cau­tion de retour » ;
  • Et bien d’autres mesures toutes plus inhu­maines et res­tric­tives des droits les unes que les autres…

Pour convaincre la droite de voter ce texte, la Première ministre s’est enga­gée à réfor­mer l’aide médi­cale d’État (AME) dès 2024. Celle-ci pour­rait être sup­pri­mée au pro­fit d’une aide médi­cale d’urgence avec un for­fait annuel.

Pour jus­ti­fier ce texte raciste, xéno­phobe et inhu­main, l’État et ses représentant·es exaltent les peurs et ins­tru­men­ta­lisent les faits divers san­glants afin que la popu­la­tion adhère à une poli­tique basée sur la répres­sion. Il est faux de dire que des mil­liers de monstres san­gui­naires courent les rues ! Il n’y a pas de monstres-nés : c’est le sys­tème capi­ta­liste qui crée tou­jours plus de misère et de pré­ca­ri­té, qui mul­ti­plie les révoltes et les vio­lences ! Ces assas­si­nats ne doivent pas être ins­tru­men­ta­li­sés pour stig­ma­ti­ser des per­sonnes ou des groupes, en fonc­tion de leur ori­gine, de leur genre, de leur culture ou de leur reli­gion. Ne tom­bons pas dans le piège de l’extrême-droite et refu­sons ces amal­games hon­teux et dan­ge­reux !

La CNT appelle à lut­ter contre toutes les formes de racisme et de dis­cri­mi­na­tions sys­té­miques. Ensemble, refu­sons leurs dis­cours fas­cistes, isla­mo­phobes, anti­sé­mites, natio­na­listes, patriar­caux et sexistes.

La CNT s’oppose fer­me­ment au texte de loi de Darmanin, fon­dé sur la stig­ma­ti­sa­tion des per­sonnes migrantes, assi­mi­lées à des délinquant·es ou des criminel·les. Le seul but de ce texte est de divi­ser encore davan­tage la socié­té. On ne lutte pas contre l’extrême-droite en appli­quant ses idées !

La CNT appelle dès à pré­sent à l’union de toutes les forces de la gauche : il est urgent que l’ensemble des orga­ni­sa­tions syn­di­cales, asso­cia­tives, poli­tiques et des col­lec­tifs auto­nomes fassent front ensemble contre cette loi clai­re­ment raciste.

À l’heure où l’idéologie fas­ciste et l’extrême-droite paradent et s’ancrent pro­fon­dé­ment dans notre pay­sage poli­tique, la CNT appelle à une riposte anti­fas­ciste immé­diate.

Pour nous c’est non !

Personne n’est étranger sur cette terre !