Communiqué confédéral
Alors que, la semaine dernière dans la banlieue d’Alès, un nouveau scandale a illustré l’habituelle violence policière où l’on voyait des gradés « gazer » des personnes âgées en plein visage, la justice s’emploie actuellement, dans le plus grand mutisme, à criminaliser les militants interpellés lors du mouvement de l’automne dernier.
Les mobilisations contre la réforme des retraites ont vu dans de nombreuses villes une répression féroce s’abattre à l’encontre du mouvement social. Au total plus de 2000 personnes ont été interpellées, le plus souvent de façon arbitraire. Un peu partout, c’est maintenant que la justice condamne les militants avec une partialité digne d’un régime arbitraire. Cet abattage judiciaire n’a épargné personne : lycéens, précaires, ouvriers du bâtiment et de la construction, agents de sécurité, contractuels et fonctionnaires, dockers, cheminots… on trouve toutes les professions sur le banc des accusés.
Les exemples de Fabrice (militant à la CNT 44) et de Giorgios (CNT 34) sont symptomatiques de la volonté de la justice de faire payer le mouvement social.
La police dans ses (basses) oeuvres
– Il ne faisait pas bon, comme pour Fabrice , de participer à la manifestation du 12 octobre dernier à Saint-Nazaire où comme souvent les forces de l’ordre ont su parfaitement jouer un rôle provocateur afin de susciter des heurts avec une partie des manifestants : présence massive en fin de manif, films et prises de photos, flics déguisés en manifestants, tirs de gaz lacrymogènes et de grenades offensives sur la foule, bousculades et passages à tabac. Face à ces intimidations, des manifestants ont eu le tort d’exprimer leur colère sans toutefois entraîner aucune interruption temporaire de travail du côté des policiers qui n’hésitèrent pas à réclamer auprès du tribunal des indemnités pour « traumatisme moral ».
Le bilan fut beaucoup plus lourd du côté des manifestants ou des passants : poignets fracassés, nez cassé, gazage, tabassages, pressions morales lors des gardes à vue et incarcérations en maison d’arrêt. Comme à son habitude, le pouvoir chercha la confrontation afin de scinder le mouvement entre les « casseurs » et les « bons manifestants ».
Le procureur local n’a eu de cesse de réclamer des condamnations exemplaires. Il fallait punir des comportements intolérables pour une démocratie. Ce même tribunal correctionnel, qui mit quatre ans pour prononcer la relaxe des responsables de l’accident de la passerelle du Queen Mary II (16 morts), n’a pas tergiversé cette fois pour embastiller des manifestants venus exprimer leur hostilité à la politique gouvernementale. Bilan : sur soixante interpellés, dix-sept écoperont de peines de prison ferme.
Punir toute opposition
– Le climat n’était pas meilleur le 21 octobre du côté de Montpellier. Ce jour-là, suite à une décision du collectif interprofessionnel local, quelques dizaines de personnes décident d’investir une antenne de Pôle-Emploi afin de mobiliser les employés et les chômeurs autour de la question des retraites. La diffusion de tract terminée, le groupe décide de partir en manif. Mal leur en prend. Au bout de quelques minutes, des policiers de la brigade anti-criminalité les chargent sans sommation, distribuant insultes et coups de matraque. Cinq personnes sont interpellées dont Giorgios , syndiqué de la CNT 34.
Aucune charge n’a été retenue suite à l’action. Les 4 personnes arrêtées avec Giorgos ont été relâchées sans poursuites. Il en aurait été de même pour Giorgos s’il avait accepté de se soumettre au prélèvement ADN. Ce « crime » est passible d’un an de prison ferme et de 15000 euros d’amende. Son opposition au contrôle social, s’est traduit ici par un refus de fichage génétique. Pour justifier les poursuites les policiers ont inculpé Giorgos pour port d’arme de 6ème catégorie : un « Opinel » lui servant pour le pique-nique !
De cette violence d’État, subsistent des épilogues judiciaires :
– Fabrice a refusé la comparution immédiate et a fait appel de sa condamnation du 16 novembre dernier : un mois de prison ferme et à verser des indemnités à des policiers. Il sera jugé d’ici six à neuf mois à la cour d’appel de Rennes.
– Le procès de Giorgos est prévu le 16 Février a 14h au Tribunal Correctionnel de Montpellier.
La CNT condamne les méthodes policières et la justice de classe mises en oeuvre afin de criminaliser les mouvements sociaux et de diviser ses participants. Elle apporte son soutien à ceux qui en furent victimes et à ceux qui doivent encore être jugés. Elle exige l’arrêt de l’ensemble des poursuites et la libération des personnes incriminées lors du mouvement contre la réforme des retraites.
Le Secrétariat Relations Médias de la CNT
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