Sortie du numéro 10 de La Mauvaise Herbe

Le numé­ro 10 de la revue de la Fédération CNT des Travailleur·euses de l’Éducation vient de sor­tir. Il est consa­cré au sport et aux JO !

Il est dis­po­nible auprès des militant·es du STE 35, ou bien en en fai­sant la demande par mail. Le prix est libre. Avant de l’avoir dans vos mains, nous vous lais­sons décou­vrir l’édito ci-des­sous :

« Il faut que ça pique ! »

C’est ce que nous criait Lucas, notre entraî­neur impro­vi­sé d’aquagym le temps de la rédac­tion de ce numé­ro, tout en ges­ti­cu­lant sur le rebord de la pis­cine sous un soleil lourd, dans une paro­die très habi­tée de coach spor­tif. Nous nous exé­cu­tions sans trop de zèle, et les com­men­taires drôles, par­fois revêches, qui fusaient auraient pu nous valoir une exclu­sion si nous étions encore des élèves. Tout se pas­sait joyeu­se­ment jusqu’à ce que les blagues de notre cama­rade à la langue la mieux pen­due se trans­forment en bor­bo­rygmes pani­qués. Une banale crampe avait failli le noyer. À cel­leux qui pensent « c’est le kar­ma », pro­mis, nous pré­pa­re­rons un numé­ro spé­cial déve­lop­pe­ment indi­vi­duel libé­ral new age. Non, c’est bien Sport qui en a eu après notre ami, et qui a ten­té par là de sabo­ter la paru­tion de ce numé­ro qui lui est dédié, c’est cer­tain. Que vou­lais-tu cacher Sport ?

Et oui, effec­ti­ve­ment, ça va piquer. Pour toi.

Alors que nous avons encore en tête le triomphe hon­teux de la coupe du monde de foot­ball du Qatar de 2022, c’est vers ton incar­na­tion la plus totale, les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris que nos yeux se tournent. De nou­veau, le bon dérou­lé de cette com­pé­ti­tion jus­ti­fie tout un ensemble de vio­lences et de déci­sions absurdes, comme cela a été le cas à cha­cune des édi­tions des jeux. En pas­sant, pre­nons le temps de réel­le­ment décou­vrir le fameux « esprit de Coubertin » qu’on devrait toustes ché­rir bien impru­dem­ment.

Car tes racines modernes, Sport, sont à cher­cher entre la dis­ci­pline mili­taire, la culture mas­cu­li­niste et l’ordre capi­ta­liste. Et mal­gré le masque de sym­pa­thie plus inclu­sif que tu t’es mis à por­ter au fil des années, ces domi­na­tions conti­nuent de moti­ver tes arbi­trages et d’animer tes ins­ti­tu­tions. Le SNU que l’État veut géné­ra­li­ser est un retour aux sources, une syn­thèse assu­mée dans cette crise réac­tion­naire.

Mais, Sport, si nous por­tons un regard dur sur ton his­toire et sur ton uti­li­sa­tion dans les ins­ti­tu­tions contem­po­raines et notam­ment dans le sys­tème édu­ca­tif, c’est parce que nous ne vou­lons pas de corps per­for­mants, com­pé­ti­tifs et utiles, fonc­tion­nels et dociles ou tout sim­ple­ment exclus. Nous avons besoin de pen­ser les pra­tiques phy­siques à l’école qui favo­risent le col­lec­tif et l’entraide, la recherche et un plai­sir dés­in­té­res­sé. L’émancipation pas­se­ra aus­si par une expé­rience sen­so­rielle heu­reuse, indi­vi­duelle et par­ta­gée du monde que tu ne per­mets pas en l’état. Tant de pra­tiques déjà exis­tantes à décou­vrir, tant d’autres pra­tiques à inven­ter, au final, voi­là qui est enthou­sias­mant, Sport, non ?

On laisse tran­quille les cama­rades main­te­nant, OK ?

Merci aux auteur∙ices de ce numé­ro et à toustes les cama­rades qui plus géné­ra­le­ment ont tra­vaillé des­sus. Une pen­sée spé­ciale pour les pho­to­graphes qui nous ont per­mis d’illustrer le numé­ro. Puis un grand mer­ci à la chaîne des Pyrénées et à Lucas, aus­si chef cuis­tot en plus de coach.