Communiqué de soutien à Libre Flot

L’UL CNT 35 dénonce l’acharnement dont fait l’objet Libre Flot.

Un achar­ne­ment car­cé­ral puis­qu’il est à l’i­so­le­ment depuis 14 mois. L’isolement est une tor­ture blanche visant à bri­ser les esprits.

Un achar­ne­ment judi­ciaire car le dos­sier est vide : c’est un har­cè­le­ment qui vise à éta­blir uni­que­ment une accu­sa­tion à charge. La jus­tice bour­geoise vise à bri­ser les esprits.

Un achar­ne­ment poli­tique car on reproche à ce cama­rade son enga­ge­ment auprès des com­bat­tants du Rojava qui luttent pour l’é­man­ci­pa­tion de leur peuple et contre le ter­ro­risme de DAESH. Un sys­tème poli­tique qui vise à bri­ser la contes­ta­tion.

L’UL CNT 35 sou­tient Libre Flot dans son com­bat contre l’in­jus­tice dont il est l’ob­jet. Comme nous sou­te­nons tou.te.s les prisonnier.ère.s qui luttent pour leur digni­té, comme nous sou­te­nons les militant.e.s qui font l’ob­jet de pour­suites judi­ciaires éhon­tées.

Un coup por­té contre l’un.e est un coup por­té contre tou.te.s.

L’UL CNT 35 sou­tien­dra Libre Flot dans son com­bat en déplo­rant qu’il soit obli­gé d’en pas­ser aujourd’­hui par un acte aus­si extrême qu’une grève de la faim.

Nous appe­lons tou.te.s les orga­ni­sa­tions syn­di­cales et poli­tiques à sou­te­nir Libre Flot dans son com­bat pour la liber­té.

Nous dif­fu­sons ci-des­sous, sa décla­ra­tion.

« POURQUOI JE FAIS LA GRÈVE DE LA FAIM » – Libre Flot

Cela fait plus de 14 mois que la DGSI m’a expli­qué que je n’étais pas arrê­té pour ce qu’elle vou­lait me faire croire, à savoir mon enga­ge­ment auprès des forces kurdes contre Daech au Rojava.

Cela fait plus de 14 mois que rien ne valide la thèse éla­bo­rée de toutes pièces par la DGSI alors même que pen­dant au moins 10 mois j’ai été sui­vi, tra­cé, sous écoute 24 heures sur 24 dans mon véhi­cule, mon lieu de vie, espion­né jusque dans mon lit.

Cela fait plus de 14 mois que je com­prends que ce sont mes opi­nions poli­tiques et ma par­ti­ci­pa­tion aux forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech qu’on essaie de cri­mi­na­li­ser.

Cela fait plus de 14 mois qu’on reproche une asso­cia­tion de mal­fai­teurs à 7 per­sonnes qui ne se connaissent pas toutes les unes les autres.

Cela fait plus de 14 mois à répondre aux ques­tions d’un juge d’instruction uti­li­sant les mêmes tech­niques tor­tueuses que la DGSI : la mani­pu­la­tion, la décon­tex­tua­li­sa­tion, l’omission et l’invention de pro­pos et de faits afin de ten­ter d’influencer les réponses.

Cela fait plus de 14 mois que je subis les pro­vo­ca­tions de ce même juge d’instruction qui, alors que je crou­pis dans les geôles de la République, se per­met de me dire que cette affaire lui fait perdre son temps dans la lutte contre le ter­ro­risme. Pire encore, il se per­met la plus inac­cep­table des insultes en se réfé­rant aux bar­bares de l’État isla­mique comme étant mes« amis de chez Daech ». Bien que ver­bal, cela reste un acte inouï de vio­lence. C’est inad­mis­sible que ce juge s’octroie le droit de m’injurier au plus haut point, tente de me salir, et crache ain­si sur la mémoire de mes amis et cama­rades kurdes, arabes, assyrien.ne.s, turk­mènes, arménien.ne.s, turc.que.s et internationaux.les tombé.es dans la lutte contre cette orga­ni­sa­tion. J’en reste encore aujourd’hui scan­da­li­sé.

Cela fait plus de 14 mois d’une ins­truc­tion par­tiale où contrai­re­ment à son rôle le juge d’instruction ins­truit uni­que­ment à charge et jamais à décharge. Il ne prend pas en consi­dé­ra­tion ce qui sort du scé­na­rio pré­éta­bli et ne sert qu’à vali­der une per­son­na­li­té fac­tice façon­née de A à Z par la DGSI, qui loin de me repré­sen­ter ne reflète que les fan­tasmes para­noïaques de cette police poli­tique. Ainsi, je suis sans cesse pré­sen­té comme « lea­der cha­ris­ma­tique » alors même que tout mode de
fonc­tion­ne­ment non hori­zon­tal est contraire à mes valeurs éga­li­taires.

Cela fait plus de 14 mois que sans juge­ment on m’impose la déten­tion dite pro­vi­soire que je subis dans les plus ter­ribles condi­tions pos­sibles : le régime d’isolement (voir les lettres de mars 2021 et juin 2021) consi­dé­ré comme de la « tor­ture blanche » et un trai­te­ment inhu­main ou dégra­dant par plu­sieurs ins­tances des droits humains.

Cela fait plus de 14 mois que je suis enter­ré vivant dans une soli­tude infer­nale et per­ma­nente sans avoir per­sonne à qui par­ler, à juste pou­voir contem­pler le déla­bre­ment de mes capa­ci­tés intel­lec­tuelles et la dégra­da­tion de mon état phy­sique et ce, sans avoir accès à un sui­vi psy­cho­lo­gique.

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Après avoir sous des airs faus­se­ment neutres four­ni à l’administration péni­ten­tiaire des argu­ments fal­la­cieux pour s’assurer de mon main­tien à l’isolement, le juge d’instruction demande le rejet de ma demande de mise en liber­té, tout comme le par­quet natio­nal anti­ter­ro­riste. Pour ce faire, ils reprennent presque en copier /​col­ler le rap­port de la DGSI du 7 février 2020, base de toute cette affaire dont nous ne savons pas d’où viennent les infor­ma­tions et dont la véra­ci­té n’a pas été démon­trée. On est en droit de se deman­der à quoi ont ser­vi les écoutes, les sur­veillances, les sono­ri­sa­tions et ces deux ans d’enquête judi­ciaire et d’instruction puisque sont occul­tés les faits qui démontrent la construc­tion men­son­gère de la DGSI.

Le par­quet natio­nal anti­ter­ro­riste et le juge d’instruction n’ont de cesse d’essayer d’instiller la confu­sion et de créer l’amalgame avec des ter­ro­ristes isla­mistes alors même qu’ils savent per­ti­nem­ment que j’ai com­bat­tu contre l’État isla­mique, notam­ment lors de la libé­ra­tion de Raqqa, où avaient été pla­ni­fiés les atten­tats du 13 novembre.

Le juge d’instruction pré­tend craindre que j’informerais des per­sonnes ima­gi­naires de ma situa­tion alors que celle-ci est publique notam­ment parce que la DGSI ou le PNAT eux-mêmes ont fait fui­ter l’information dès le pre­mier jour. Il pré­tend ain­si empê­cher toute pres­sion sur les témoins, les vic­times et leurs familles alors même qu’il n’y a ni témoin, ni vic­time puisqu’il n’y a aucun acte. C’est ubuesque. Est aus­si évo­quée sa crainte d’une concer­ta­tion entre coinculpé.es et com­plices même si toutes et tous les coinculpé.es ont été mis.es en liber­té, qu’il n’a plus inter­ro­gé per­sonne d’autre que moi depuis octobre 2021, et que j’ai atten­du patiem­ment qu’il ait fini de m’interroger pour dépo­ser cette demande de mise en liber­té.

Il aurait pu être comique dans d’autres cir­cons­tances de consta­ter l’utilisation à charge de faits ano­dins comme : jouir de mon droit à cir­cu­ler libre­ment en France et en Europe, de mon mode de vie, de mes opi­nions poli­tiques, de mes pra­tiques spor­tives, de mes goûts pour le rap enga­gé ou les musiques kurdes.

Le juge d’instruction s’en prend à ma mère en la dési­gnant comme n’étant pas une garan­tie valable pour la simple rai­son qu’elle n’a pas empê­ché son fils âgé de 33 ans à l’époque de rejoindre les forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech. Encore une fois, c’est ma par­ti­ci­pa­tion dans ce conflit qu’on cri­mi­na­lise. Il lui reproche éga­le­ment l’utilisation d’applications cryp­tées (WhatsApp, Signal, Télégram…) comme le font des mil­lions de per­sonnes en France. Enfin, il dénigre tout d’un bloc toutes
les autres options de garan­ties (tra­vail, héber­ge­ment…) sans rien avoir à leur repro­cher alors même que les per­son­nels du SPIP dont c’est le métier ont ren­du un avis favo­rable.

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Comment alors com­prendre qu’après avoir ordon­né ces enquêtes de fai­sa­bi­li­té signi­fiant la pos­si­bi­li­té de me remettre en liber­té avec bra­ce­let élec­tro­nique, le juge des liber­tés et de la déten­tion mal­gré le ren­du refuse ensuite de la mettre en place ? Nous sommes nom­breux et nom­breuses à consta­ter que dans toute cette affaire la « jus­tice » viole ses propres lois et est sou­mise à l’agenda poli­tique de la DGSI.

J’ai récem­ment appris de la bouche même du direc­teur des déten­tions de la mai­son d’arrêt des Yvelines (Bois d’Arcy), que je remer­cie pour sa fran­chise, que mon pla­ce­ment et mon main­tien à l’isolement étaient déci­dés depuis le pre­mier jour par des per­sonnes très haut pla­cées et que quoi je dise ou que lui-même dise ou fasse, rien n’y ferait, que cela le dépasse, le dos­sier ne sera même pas lu et je res­te­rai au quar­tier d’isolement et que de toute façon rien ne pour­rait chan­ger avant les élec­tions pré­si­den­tielles.

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Puisque l’on cherche à cri­mi­na­li­ser les mili­tants et mili­tantes ayant lut­té avec les Kurdes contre Daech,

Puisque l’on uti­lise la déten­tion soi-disant pro­vi­soire dans le but de punir des opi­nions poli­tiques,

Puisque cette his­toire n’existe qu’à des fins de mani­pu­la­tion poli­tique,

Puisqu’aujourd’hui on ne me laisse comme pers­pec­tive que la lente des­truc­tion de mon être,

Je me déclare en grève de la faim depuis le dimanche 27 février 2022 à 18 heures, je ne réclame à l’heure actuelle que ma mise en liber­té en atten­dant de démon­trer le côté calom­nieux de cette hon­teuse accu­sa­tion.

Libre Flot.

Pour res­ter infor­mer et sou­te­nir :

col­lec­tif de sou­tien des inculpé.e.s du 8 – 12 : https://soutien812.org
Participez à l’ac­tion pos­tale contre l’i­so­le­ment car­cé­ral https://soutien812.org/parlons-justice/
Cagnotte de sou­tien pour les frais de jus­tice https://www.cotizup.com/soutien‑8 – 12

CP Soutien Libre Flot 03 – 2022