Antiquité : Le tombeau des fusillés

Le Tombeau des Fusillés
paroles : Jules Jouy (30 mai 1887)
musique : air de La chan­son des Peupliers de Frédéric Doriat (1883)
ver­sion audio : Serge Utgé-Royo, Le Cri Du Peuple – Les chan­sons de la Commune
image : Lula Bim.

Ornant lar­ge­ment la muraille,
Vingt dra­peaux rouges assem­blés
Cachent les trous de la mitraille
Dont les vain­cus furent cri­blés.
Bien plus belle que la sculp­ture
Des tombes que bâtit l’or­gueil,
L’herbe couvre la sépul­ture
Des morts enter­rés sans cer­cueil.

Ce gazon, que le soleil dore,
Quand mai sort des bois réveillés,
Ce mur que l’his­toire décore,
Qui saigne encore,
C’est le tom­beau des fusillés. (bis)

Autour de ce tom­beau sans bronze,
Le pro­lé­taire, au nez des lois,
Des héros de soixante-et-onze
Écoute chan­ter les exploits.
Est-ce la tem­pête ou la houle
Montant à l’as­saut d’un écueil ?
C’est la grande voix de la foule
Consolant les morts sans cer­cueil ;

Écoute, bon bour­geois qui tremble :
Pleurant ceux qu’on croit oublier,
Le peuple, tout entier s’as­semble
Et vient ensemble
Près du tom­beau des fusillés. (bis)

Loups de la Semaine Sanglante,
Sachez-le, l’a­gneau se sou­vient.
Du peuple, la jus­tice est lente,
Elle est lente, mais elle vient !
Le fils fera comme le père ;
La ven­geance vous guette au seuil ;
Craignez de voir sor­tir de terre
Les morts enter­rés sans cer­cueil !

Tremblez ! Les lions qu’on cour­rouce
Mordent quand ils sont réveillés !
Fleur rouge éclose dans la mousse,
L’avenir pousse
Sur le tom­beau des fusillés ! (bis)