L’évacuation de la honte – retour sur l’évacuation du gymnase de la Poterie

L’évacuation de la honte

Cela fait des années que des hommes, des femmes et des enfants galèrent pour trou­ver de quoi se loger, man­ger, vivre en France mais ne peuvent pas sim­ple­ment parce qu’ils sont étran­gers. On les dit migrants, réfu­giés, exi­lés… on les accep­te­ra les bras ouverts en les consi­dé­rant comme dépla­cés à condi­tion d’être ukrai­nien parce que presque euro­péen, blanc … ceux qui galé­raient avant par contre dérangent tou­jours, ils sont à cacher, à reje­ter : le racisme des ins­ti­tu­tions, de l’Etat, de la Mairie se dif­fuse de manière cra­po­teuse, en douce, de manière hon­teuse.

On va vous le racon­ter : depuis 9 mois, mais ils galé­raient bien avant, une 100aine de per­sonnes, familles avec des enfants de tout âge, des bébés, des femmes enceintes, des han­di­ca­pés, des malades, des hommes, des femmes, des alba­nais, des serbes, des ukrai­niens peut être,

Et davan­tage encore , se sont retrou­vés dans un cam­ping impro­vi­sé au parc des Gayeulles , loin de la vue, sans aucun confort car les ins­ti­tu­tions com­plices vou­laient les éloi­gner de la bien­séance et ils y res­tèrent 4 mois , une tem­pête a eu rai­son de tout cela , tem­pête niée parce qu’on ne vou­lait pas voir l’urgence de mettre à l’abri ces étran­gers ! c’est la soli­da­ri­té qui joue contre les ins­ti­tu­tions : les éclai­reurs et éclai­reuses de France vont les loger pen­dant 4 mois mal­gré les ennuis et la mau­vaise volon­té des ins­ti­tu­tions qui refusent tou­jours et encore d’héberger , refus ? Indifférence ? détes­ta­tion d’une popu­la­tion qui est la mau­vaise conscience d’un Etat trop riche pour être cha­ri­table, trop égoïste pour être humain. En octobre, le col­lec­tif inter-orga­ni­sa­tion de sou­tien aux per­sonnes exi­lées tente d’ouvrir une ancienne école en centre ‑ville et c’est la mai­rie qui fait appel à la garde mobile pour éva­cuer le lieu d’occupation, sans pro­po­si­tion de loge­ment car la mai­rie en a fait assez et n’en fera pas davan­tage, il y a un seuil dans la soli­da­ri­té à ne pas fran­chir … les ukrai­niens seront une excep­tion 6 mois plus tard, les dépla­cés sont des humains en fait, pas les exi­lés semble-t-il !

Et vient l’occupation du déses­poir, celui du gym­nase de la Poterie en jan­vier, qui ne sera pas éva­cué tout de suite, dans lequel les ins­ti­tu­tions lais­se­ront crou­pir une cen­taine de per­sonnes, cer­taines dans des situa­tions très pré­caires, la plu­part en situa­tion régu­lière mais la pré­fec­ture traine à loger depuis des mois, il n’y a pas de place, la mai­rie campe sur sa déci­sion de ne rien faire, trop d’exilés, ils ne sont pas dans le vent ! Et cela va durer 2 mois, en lais­sant la situa­tion se déli­ter jusqu’à jus­ti­fier, pen­dant la cam­pagne de soli­da­ri­té envers les ukrai­niens, une éva­cua­tion d’urgence.

Cette éva­cua­tion sous cou­vert d’une déci­sion de jus­tice va s’effectuer de manière ignoble. Des solu­tions d’hébergement sont pro­po­sées quelques jours aupa­ra­vant car il faut le moins de per­sonnes pos­sible dans le gym­nase. On apprends ensuite que la mai­rie va cou­vrir les alen­tours du gym­nase d’une bâche pour évi­ter que les enfants qui fré­quentent l’école de la pote­rie voient l’évacuation , ce qui déclenche la colère des sou­tiens , l’évacuation doit se faire de manière dis­crète , hon­teuse pour ne pas cho­quer des enfants , l’évacuation de per­sonnes en détresse par la police est hon­teuse en fait ! ordre don­né par la pré­fec­ture , que la mai­rie vou­lait bien accom­plir mais qu’elle refu­se­ra , consciente de l’immoralité de cet acte .

Mais ce n’était que le début de l’ignominie puisque les sou­tiens, vou­lant que l’évacuation se fasse dans le res­pect des per­sonnes et de leurs biens, vont décou­vrir que l’évacuation étant pro­gram­mée l’après-midi du mer­cre­di se fera en fait le matin. Aucun sou­tien de pré­ve­nu, la mai­rie aler­tée à 6h, l’évacuation se fera de manière bru­tale, les poli­ciers inju­riant les exi­lés, les sou­tiens tenus à l’écart par un déploie­ment de poli­ciers en mode agres­sifs de telle sorte que les enfants allant à l’école seront cho­qués par cet usage de la force, des parents seront fouillés … Le res­pect absent durant l’évacuation faite rapi­de­ment, sans ména­ge­ment, des biens maté­riels seront jetés dans des bennes. Aucun égard, aucune huma­ni­té. Pourtant, la pré­fec­ture se fen­dra d’un com­mu­ni­qué léni­fiant, qui affirme qu’elle a agi de manière humaine pour trou­ver des solu­tions dignes d’hébergement, en oubliant qu’elle aurait dû le faire depuis bien long­temps et que c’était son devoir !

Le col­lec­tif inter-orga­ni­sa­tion de sou­tien aux per­sonnes exi­lées s’inquiètent du deve­nir des per­sonnes car la pré­fec­ture n’a pas res­pec­té ses pro­messes de relo­ge­ment, le relo­ge­ment ne sera pas pérenne.

La lutte ne s’arrêtera pas avec le gym­nase, c’était une étape dans le long par­cours vers le relo­ge­ment pérenne et incon­di­tion­nel de tous et de toutes, c’est un com­bat mené pour la régu­la­ri­sa­tion de toutes les per­sonnes exi­lées. Car, ce qui importe, c’est la soli­da­ri­té entre les peuples au-delà des conflits entre les Etats, vic­times des catas­trophes éco­lo­giques, éco­no­miques et poli­tiques.