Rapport Bockel : mieux contrôler pour mieux punir

Une des mesures phares de la loi de 2007 consa­crait le maire comme pivot de cette poli­tique. Si cette mesure com­mence à s’appliquer, notam­ment dans les villes acquises à la majo­ri­té pré­si­den­tielle (telles que Meaux, Orléans ou Nice), c’est sans la col­la­bo­ra­tion de tous les acteurs ini­tia­le­ment pré­vus que sont les pro­fes­sion­nels du social, du médi­co-social et de l’éducation.

Le secré­taire d’Etat qui fait l’éloge de toutes les mesures répres­sives adop­tées depuis 2002, note cepen­dant qu’elles n’ont pas enrayé « l’augmentation de la délin­quance ». Jean-Marie Bockel est donc tout à fait conscient qu’il va droit dans le mur mais conti­nue donc dans le même sens.

A com­men­cer par les retrou­vailles avec les relents xéno­phobes du rap­port Bénisti. Les étran­gers – de pré­fé­rences afri­cains et musul­mans- vivant en France dans les quar­tiers les plus défa­vo­ri­sés sont une fois de plus stig­ma­ti­sés, et les ana­lyses qui se veulent scien­ti­fiques n’ont rien à envier aux idées les plus nau­séa­bondes du front natio­nal.

Aussi, comme l’objectif affi­ché de ces 15 pro­po­si­tions est de pré­ve­nir la délin­quance, nous avons droit à l’utilisation de l’enquête de l’INSERM de 2005.Celle-ci pré­co­ni­sait le dépis­tage des risques de troubles du com­por­te­ment dès le 4ème mois de gros­sesse. Cette fois-ci, ils ont déci­dé d’attendre la nais­sance et de mettre en place dès l’âge de 2 ans « un repé­rage pré­coce des enfants en souf­france ». Outre le fait que cela va stig­ma­ti­ser, dès le plus jeune âge, des enfants en leur col­lant l’étiquette de poten­tiels délin­quants, c’est aus­si lais­ser pen­ser que les ensei­gnants qui constatent des dif­fi­cul­tés pour cer­tains de leurs élèves fer­me­raient les yeux et n’orienteraient jamais les familles pour qu’elles trouvent du sou­tien. Par contre il est bon de rap­pe­ler que le nombre d’adultes à l’école est en constante dimi­nu­tion et que c’est ce même gou­ver­ne­ment qui orga­nise par exemple la dis­pa­ri­tion des RASED.

Comme les enfants ne deviennent pas délin­quants par hasard, le rap­port pré­co­nise de se pré­oc­cu­per for­te­ment des res­pon­sables légaux, les parents. On note­ra des pro­po­si­tions inno­vantes en terme de sou­tien : le « coa­ching paren­tal » façon super Nanny , le déve­lop­pe­ment des stages de res­pon­sa­bi­li­té paren­tale , des « stages de remise à niveau lin­guis­tique et répu­bli­caine » ou encore des contrats de res­pon­sa­bi­li­té paren­tale avec à la clé, la pos­si­bi­li­té de sus­pendre les allo­ca­tions fami­liales. Au delà de ce for­mi­dable sou­tien, il est aus­si pré­co­ni­sé de ren­for­cer la sanc­tion vis à vis des « parents défaillants ». Par exemple, un parent qui ne se ren­drait pas à une convo­ca­tion à l’école pour­rait être convo­qué la fois sui­vante par les ser­vices de police. De quoi faire aimer l’école aux parents !

Enfin, ce rap­port rap­pelle l’importance de la mise en appli­ca­tion de la loi du 5 mars 2007 rela­tive à la pré­ven­tion de la délin­quance avec le maire comme pivot de cette poli­tique de contrôle et de répres­sion. Il réin­vite éga­le­ment les dif­fé­rents acteurs (police, jus­tice, ensei­gnants et tra­vailleurs du social et médi­co-social) à coopé­rer en par­ti­ci­pant, entre autres, aux ins­tances telles que les conseils locaux de sécu­ri­té et de pré­ven­tion de la délin­quance ou les conseils pour les droits et devoirs des familles. L’éducation spé­cia­li­sée est par­ti­cu­liè­re­ment visée. Les édu­ca­teurs de rue ne rem­plie­raient plus leur mis­sion de contrôle social attri­buée par l’Etat il y a plus d’un demi siècle.

Ainsi comme les pré­cé­dents textes, ce rap­port ne laisse aucun doute quant à son idéo­lo­gie :

-res­tau­rer les valeurs d’une République du tra­vail, même s’il n’y en a pas,

-prô­ner l’autoritarisme en uti­li­sant les concepts com­por­te­men­ta­listes,

-répri­mer celles et ceux qui ne se sou­met­traient pas,

-pro­mou­voir le res­pect des valeurs cultu­relles d’une cer­taine France et notam­ment ses valeurs chré­tiennes

Comme cela a été le cas depuis 2003, nous conti­nue­rons, aux côtés des orga­ni­sa­tions du Collectifs natio­nal uni­taire de résis­tance à la déla­tion et de tous les col­lec­tifs à résis­ter pour n’être ni flic ni déla­teur.